Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/503

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supposez-le sublime. Un arc de triomphe, un obélisque, un cirque avec piédestal au centre, une cathédrale. Nul peuple n’est plus illustre, plus noble, plus magnifique et plus magnanime que le peuple français. Accouplez ces deux idées, l’Angleterre et Shakespeare, et faites-en jaillir un édifice. Une telle nation célébrant un tel homme, ce sera superbe. Supposez le monument, supposez l’inauguration. Les pairs sont là, les communes adhèrent, les évêques officient, les princes font cortège, la reine assiste. La vertueuse femme en qui le peuple anglais, royaliste, comme on sait, voit et vénère sa personnification actuelle, cette digne mère, cette noble veuve, vient, avec le respect profond qui convient, incliner la majesté matérielle devant la majesté idéale ; la reine d’Angleterre salue Shakespeare ; l’hommage de Victoria répare le dédain d’Elisabeth. Quant à Elisabeth, elle est probablement là aussi, sculptée quelque part dans le soubassement, avec Henri VIII son père et Jacques Ier son successeur, nains sous le poëte. Le canon éclate, le rideau tombe, on découvre la statue qui semble dire : Enfin ! et qui a grandi dans l’ombre depuis trois cents ans ; trois siècles, c’est la croissance d’un colosse ; elle est immense. On y a utilisé tous les bronzes York, Cumberland, Pitt et Peel ; on a,