Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/504

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pour la composer, désencombré les places publiques d’un tas de cuivres non justifiés ; on a amalgamé dans cette haute figure toutes sortes de Henris et d’Edouards, on y a fondu les divers Guillaumes et les nombreux Georges, l’Achille de Hyde-Park a fait l’orteil ; c’est beau, voilà Shakespeare presque aussi grand qu’un Pharaon ou qu’un Sésostris. Cloches, tambours, fanfares, applaudissements, hurrahs !

Eh bien ?

Cela est honorable à l’Angleterre, indifférent à Shakespeare.

Qu’est-ce qu’une salutation de la royauté, de l’aristocratie, de l’armée, et même de la population anglaise encore ignorante à cette heure comme presque toutes les autres nations, qu’est-ce que la salutation de tous ces groupes diversement éclairés, pour qui a l’acclamation éternelle, et avec réflexion, de tous les siècles et de tous les hommes ! Quelle oraison de l’évêque de Londres ou de l’archevêque de Cantorbery vaudra le cri d’une femme devant Desdemona, d’une mère devant Arthur, d’une âme devant Hamlet ?

Aussi, quand l’insistance universelle réclame de l’Angleterre un monument à Shakespeare, ce n’est pas pour Shakespeare, c’est pour l’Angleterre.