Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/537

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tragédie des politiques et des hommes d’état. Veut-on savoir à combien revient celle-là ?

Les héros ont un ennemi ; cet ennemi s’appelle les finances. Longtemps on a ignoré le prix d’achat de ce genre de gloire. Il y avait, pour dissimuler le total, de bonnes petites cheminées comme celle où Louis XIV a brûlé les comptes de Versailles. Ce jour-là il sortait du tuyau de poêle royal pour un milliard de fumée. Les peuples ne regardaient même pas. Aujourd’hui les peuples ont une grande vertu, ils sont avares. Ils savent que prodigalité est mère d’abaissement. Ils comptent. Ils apprennent la tenue des livres en partie double. La gloire guerrière a désormais son doit et avoir. Ceci la rend impossible.

Le plus grand guerrier des temps modernes, ce n’est point Napoléon, c’est Pitt. Napoléon faisait la guerre, Pitt la créait. Toutes les guerres de la révolution et de l’empire, c’est Pitt qui les a voulues. Elles sortent de lui. Otez Pitt et mettez Fox, plus de raison d’être à cette exorbitante bataille de vingt-trois ans. Plus de coalition. Pitt a été l’âme de la coalition, et, lui mort, son âme est restée dans la guerre universelle. Ce que Pitt a coûté à l’Angleterre et au monde, le voici. Nous ajoutons ce bas-relief à son piédestal.