Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/545

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suppliciés consentent au supplice. « Ce czar, moitié pourri, moitié gelé, » comme dit madame de Staël, vous l’avez fait vous-même. Être un peuple, être une force, et voir ces choses, c’est les trouver bonnes. Être là, c’est adhérer. Qui assiste au crime assiste le crime, la présence inerte est une abjection encourageante.

Ajoutons qu’une corruption préalable a commencé la complicité même avant que le crime soit commis. Une certaine fermentation putride des bassesses préexistantes engendre l’oppresseur.

Le loup est le fait de la forêt. Il est le fruit farouche de la solitude sans défense. Réunissez et groupez le silence, l’obscurité, la victoire facile, l’infatuation monstrueuse, la proie offerte de toutes parts, le meurtre en sécurité, la connivence de l’entourage, la faiblesse, le désarmement, l’abandon, l’isolement ; du point d’intersection de ces choses jaillit la bête féroce. Un ensemble ténébreux dont les cris ne sont point entendus produit le tigre. Un tigre est un aveuglement affamé et armé. Est-ce un être ? A peine. La griffe de l’animal n’en sait pas plus long que l’épine du végétal. Le fait fatal engendre l’organisme inconscient. En tant que personnalité, et en dehors de l’assassinat pour