Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/562

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écoliers, et moi qui parle, enfant, j’ai été sa victime.

Dans cette histoire il y a tout, excepté l’histoire. Étalages de princes, de « monarques », et de capitaines ; du peuple, des lois, des mœurs, peu de chose ; des lettres, des arts, des sciences, de la philosophie, du mouvement de la pensée universelle, en un mot, de l’homme, rien. La civilisation date par règnes et non par progrès. Un roi quelconque est une étape. Les vrais relais, les relais de grands hommes, ne sont nulle part indiqués. On explique comment François II succède à Henri II, Charles IX à François II et Henri III à Charles IX ; mais personne n’enseigne comment Watt succède à Papin et Fulton à Watt ; derrière le lourd décor des hérédités royales, la mystérieuse dynastie des génies est à peine entrevue. Le lampion qui fume sur la façade opaque des avènements royaux cache la réverbération sidérale que jettent sur les siècles les créateurs de civilisation. Pas un historien de cette série ne montre du doigt la divine filiation des prodiges humains, cette logique appliquée de la Providence ; pas un ne fait voir comment le progrès engendre le progrès. Que Philippe IV vienne après Philippe III et Charles II après Philippe IV, ce serait une honte de l’ignorer