Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/565

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faites à l’image des poètes et des philosophes des masques de rois. A qui est le dix-huitième siècle ? A Louis XV, ou à Voltaire ? Confrontez Versailles à Ferney, et voyez duquel de ces deux points la civilisation découle.

Un siècle est une formule ; une époque est une pensée exprimée. Après quoi, la civilisation passe à une autre. La civilisation a des phrases. Ces phrases sont les siècles. Elle ne dit pas ici ce qu’elle dit là. Mais ces phrases mystérieuses s’enchaînent ; la logique — le logos — est dedans, et leur série constitue le progrès. Toutes ces phrases, expression d’une idée unique, l’idée divine, écrivent lentement le mot Fraternité.

Toute clarté est quelque part condensée en une flamme ; de même toute époque est condensée en un homme. L’homme expiré, l’époque est close. Dieu tourne la page. Dante mort, c’est le point mis à la fin du treizième siècle ; Jean Huss peut venir. Shakespeare mort, c’est le point mis à la fin du seizième siècle. Après ce poëte, qui contient et résume toute la philosophie, les philosophes, Pascal, Descartes, Molière, Lesage, Montesquieu, Rousseau, Diderot, Beaumarchais, peuvent venir. Voltaire mort, c’est le point mis à la fin du dix-huitième siècle. La Révolution française, liquidation de la première