Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

diacre Hilaire et les lucifériens rattachent leur schisme aux épîtres de Paul. Paul est au fond si antimonarchique que le roi Jacques Ier, très-encouragé par l’orthodoxe université d’Oxford, fait brûler par la main du bourreau l’épître aux Romains, commentée, il est vrai, par David Pareus. Plusieurs des œuvres de Paul sont rejetées canoniquement ; ce sont les plus belles ; et entre autres son épître aux laodicéens, et surtout son Apocalypse, raturée par le concile de Rome sous Gélase. Il serait curieux de la comparer à l’Apocalypse de Jean. Sur l’ouverture que Paul avait faite au ciel, l’Église a écrit : Porte condamnée. Il n’en est pas moins saint. C’est là sa consolation officielle. Paul a l’inquiétude du penseur ; le texte et la formule sont peu pour lui ; la lettre ne lui suffit pas ; la lettre, c’est la matière. Comme tous les hommes de progrès, il parle avec restriction de la loi écrite ; il lui préfère la grâce, de même que nous lui préférons la justice. Qu’est-ce que la grâce ? C’est l’inspiration d’en haut, c’est le souffle, flat ubi vult ", c’est la liberté. La grâce est l’âme de la loi. Cette découverte de l’âme de la loi appartient à saint Paul ; et ce qu’il nomme grâce au point de vue céleste, nous, au point de vue terrestre, nous le nommons droit. Tel est Paul. Le grandissement d’un esprit par l’irruption