Page:Hugo Hernani 1889.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans l’exil, fils proscrit d’un père assassiné
Par sentence du tien, roi Carlos de Castille !
Le meurtre est entre nous affaire de famille.
Vous avez l’échafaud, nous avons le poignard.
Donc le ciel m’a fait duc, et l’exil montagnard.
Mais puisque j’ai sans fruit aiguisé mon épée
Sur les monts et dans l’eau des torrents retrempée,

Il met son chapeau.
Aux autres conjurés.

Couvrons-nous, grands d’Espagne !

Tous les Espagnols se couvrent.
À don Carlos.

Couvrons-nous, grands d’Espagne !Oui, nos têtes, ô roi,
Ont le droit de tomber couvertes devant toi !
Aux prisonniers.
— Silva, Haro, Lara, gens de titre et de race,
Place à Jean d’Aragon ! ducs et comtes, ma place !
Aux courtisans et aux gardes.
Je suis Jean d’Aragon, roi, bourreaux et valets !
Et si vos échafauds sont petits, changez-les !

Il vient se joindre au groupe des seigneurs prisonniers.
Doña Sol.

Ciel !

Don Carlos.

Ciel !En effet, j’avais oublié cette histoire.

Hernani.

Celui dont le flanc saigne a meilleure mémoire.
L’affront que l’offenseur oublie en insensé,
Vit, et toujours remue au cœur de l’offensé.

Don Carlos.

Donc je suis, c’est un titre à n’en point vouloir d’autres,
Fils de pères qui font choir la tête des vôtres !