Page:Hugo Rhin Hetzel tome 1.djvu/145

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tenant voulez-vous me donner pour moi ? — Comment ! et ce que je viens de vous donner ? — C’est pour la fabrique, monsieur, à laquelle je redois deux francs par personne ; mais à présent monsieur comprend bien qu’il me faut quelque petite chose pour moi. — Pourboire. Vous redescendez. Tout à coup une trappe s’ouvre à côté de vous. C’est la cage des cloches. Il faut bien voir les cloches de ce beau clocher. Un jeune gaillard vous les montre et vous les nomme. Pourboire. Au bas du clocher, vous retrouvez le bedeau, qui vous a attendu patiemment et qui vous reconduit avec respect jusqu’au seuil de l’église. Pourboire. Vous rentrez à votre hôtel et vous vous gardez bien de demander votre chemin à quelque passant, car le pourboire saisirait cette occasion. À peine avez-vous mis le pied dans l’auberge que vous voyez venir à vous d’un air amical une figure qui vous est tout à fait inconnue. C’est l’estafier qui vous rapporte votre passe-port. Pourboire. Vous dînez ; l’heure du départ arrive, le domestique vous apporte la carte à payer. Pourboire. Un garçon d’écurie porte votre bagage à la diligence ou à la schnellpost. Pourboire. Un facteur le hisse sur l’impériale. Pourboire. Vous montez en voiture, on part, la nuit tombe ; vous recommencerez demain.

Récapitulons ; pourboire au conducteur, pourboire au postillon, pourboire au débâcheur, pourboire au brouetteur, pourboire à l’homme qui n’est pas de l’hôtel, pourboire à la vieille femme, pourboire à Rubens, pourboire au suisse, pourboire au sacristain, pourboire au sonneur, pourboire au baragouineur, pourboire à la fabrique, pourboire au sous-sonneur, pourboire au bedeau, pourboire à l’estafier, pourboire aux domestiques, pourboire au garçon d’écurie, pourboire au facteur ; voilà dix-huit pourboires dans une journée. Ôtez l’église, qui est fort chère, il en reste neuf. Maintenant calculez tous ces pourboires d’après un minimum de cinquante centimes et un maximum de deux francs, qui est quelquefois obligatoire[1], et vous aurez une somme assez inquiétante. N’oubliez pas que

  1. À Aix-la-Chapelle, pour voir les reliques, le pourboire à la fabrique est fixé à un thaler (trois francs soixante-quinze centimes).