Page:Hugo Rhin Hetzel tome 1.djvu/154

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lance, l’éponge de fiel, le profil sinistre du mauvais larron, le masque livide de Judas, la bourse au cou ; enfin, devant les yeux du divin maître, la croix, et entre les bras de la croix, comme la suprême torture, comme la douleur la plus poignante entre toutes les douleurs, une petite colonne au haut de laquelle se dresse le coq qui chante, c’est-à-dire l’ingratitude et l’abandon d’un ami. Ce dernier détail est admirablement beau. Il y a là toute la grande théorie de la souffrance morale, pire que la souffrance physique. L’ombre gigantesque des deux gros clochers se répand sur cette sombre élégie. Autour du bas-relief le sculpteur a gravé une légende que j’ai copiée :


(sic)



O vos omnes qui transitis per viam, attendite et videte si est dolor similis sicut dolor meus. 1538.


Devant cette sévère façade, à quelques pas de cette double lamentation de Job et de Jésus, de charmants petits enfants, gais et roses, s’ébattaient sur une pelouse verte et faisaient brouter, avec de grands cris, un pauvre lapin tout ensemble apprivoisé et effarouché. Personne autre ne passait par le chemin.