Page:Hugo Rhin Hetzel tome 1.djvu/161

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arrosant la province helvétique ultérieure, la première et la seconde Germanie, la première Belgique et la province batave. Le gaulois chevelu du nord, qui venait voir par curiosité, au troisième siècle, le gaulois à toge de Milan et le gaulois à braies de Lyon, le gaulois chevelu fut dompté. Les châteaux romains de la rive gauche tinrent en respect la rive droite ; et le légionnaire vêtu de drap de Trêves, armé d’une pertuisane de Tongres, n’eut plus qu’à surveiller du haut des rochers le vieux chariot de guerre des germains, massive tour roulante, aux roues armées de faulx, au timon hérissé de piques, traînée par des bœufs, crénelée pour dix archers, qui se hasardait quelquefois de l’autre côté du Rhin jusque sous la baliste des forteresses de Drusus.

Cet effrayant passage des hommes du nord aux régions du midi qui se renouvelle fatalement à de certaines époques climatériques de la vie des nations, et qu’on appelle l’invasion des barbares, vint submerger Rome quand fut arrivé l’instant où Rome devait se transformer. La barrière granitique et militaire des citadelles du Rhin fut écrasée par ce débordement, et il y eut un moment, vers le sixième siècle, où les crêtes du Rhin furent couronnées de ruines romaines comme elles le sont aujourd’hui de ruines féodales.

Charlemagne restaura ces décombres, refit ces forteresses, les opposa aux vieilles hordes germaines renaissantes sous d’autres noms, aux boëmans, aux abodrites, aux welebates, aux sarabes ; bâtit à Mayence, où fut enterrée sa femme Fastrada, un pont à piles de pierre dont on voit encore, dit-on, les ruines sous l’eau ; releva l’aqueduc de Bonn ; répara les voies romaines de Victoria, aujourd’hui Neuwied ; de Bacchiara, aujourd’hui Bacharach ; de Vinicella, aujourd’hui Winkel ; et de Thronus Bacchi, aujourd’hui Trarbach ; et se construisit à lui-même, (les débris d’un bain de Julien, un palais, le Saal, à Meder-Ingelheim. Mais, malgré tout son génie et toute sa volonté, Charlemagne ne fit que galvaniser des ossements. La vieille Rome était morte. La physionomie du Rhin était changée.

Déjà, comme je l’ai indiqué plus haut, sous la domination