Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/120

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avez raison, car il paraît que je n’ai pas été clair. Vous m’écrivez que vous avez pris des renseignements au sujet de l’église d’Épernay, « que je me suis trompé en l’attribuant à M. Poterlet-Galichet, » que « M. Poterlet-Galichet, brave, digne et honorable bourgeois d’Épemay, est parfaitement étranger à la construction de l’église et qu’en outre il y a dans la ville deux hommes fort distingués du nom de Poterlet : un ingénieur de rare mérite et un jeune peintre plein d’avenir. » Je souscris à tout cela ; et j’ai connu moi-même il y a dix ans un jeune et charmant peintre qui s’appelait Poterlet, et qui, si la mort ne l’avait enlevé à vingt-cinq ans, serait aujourd’hui un grand talent pour le public comme il était en 1829 un grand talent pour ses amis. Mais je n’ai pas dit ce que vous me faites dire. Relisez ma lettre, la seconde, je crois ; je n’y attribue pas le moins du monde l’église d’Épernay à M. Galichet. Je dis seulement : « Cette église me fait l’effet d’avoir été bâtie, » etc. Plaisanterie quelconque qui ne tombe que sur l’église.

Ce petit compte réglé, je reviens d’Épernay à Bingen. La transition est brusque.et le pas est large ; mais vous êtes de ces écouteurs intelligents et doux, pénétrés de la nécessité des choses et de la loi des natures, qui accordent aux poètes les enjambements et aux rêveurs les enjambées.

Bingen est une jolie et belle ville, à la fois blanche et noire, grave comme une ville antique et gaie comme une ville neuve, qui, depuis le consul Drusus jusqu’à l’empereur Charlemagne, depuis l’empereur Charïemagne jusqu’à l’archevêque Willigis, depuis l’archevêque Willigis jusqu’au marchand Montemagno, depuis le marchand Montemagno jusqu’au visionnaire Holzhausen, depuis le visionnaire Holzhausen jusqu’au notaire Fabre, actuellement régnant dans le château de Drusus, s’est peu à peu agglomérée et amoncelée, maison à maison, dans l’Y du Rhin et de la Nähe, comme la rosée s’amasse goutte à goutte dans le calice d’un lis. Passez-moi cette comparaison, qui a le tort d’être fleurie mais qui a le mérite d’être vraie et qui représente fidèlement, et pour tous les cas possibles, le mode de formation d’une ville dans un confluent.

Tout contribue à faire de Bingen une sorte d’antithèse