Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/211

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Vous savez que le bon Dieu est pour moi le grand faiseur d’antithèses. Il en a fait une, et des plus complètes, en faisant Mannheim à côté de Worms. Ici la cité qui meurt, là la ville qui naît ; ici le moyen âge avec son unité si harmonieuse et si profonde, là le goût classique avec tout son ennui. Mannheim arrive, Worms s’en va ; le passé est à Worms, l’avenir est à Mannheim. (Ici j’ouvre une parenthèse : ne concluez pas de ceci pourtant que l’avenir soit au goût classique.) Worms a les restes d’une voie romaine, Mannheim est entre un pont de bateaux et un chemin de fer. Maintenant il est inutile que je vous dise où est ma préférence, vous ne l’ignorez pas. En fait de villes, j’aime les vieilles.

Je n’en admire pas moins cette riche plaine où Mannheim est assise, et qui a une largeur de dix lieues entre les montagnes du Neckar et les collines de l’Isenach. On fait les cinq premières lieues, de Heidelberg à Mannheim, en chemin de fer ; et les cinq autres, de Mannheim à Durckheim, en voiturin. Ici encore le passé et l’avenir se donnent la main.

Du reste, dans Mannheim même, je n’ai rien remarqué que de magnifiques arbres dans le parc du château, un excellent hôtel, le palatinat, une belle fontaine rococo, en bronze, sur la place, et cette inscription en lettres d’or sur la vitre d’un coiffeur : CABINET OU L’ON COUPE LES CHEVEUX A L’INSTAR DE MONSIEUR CHIRARD, DE PARIS.