Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/166

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Outre ces trois immenses régions, il avait la Grande-Arménie et tout ce que Ptolémée met dans la troisième table d’Asie jusqu’aux confins de la Perse et de la Tartarie.

Ainsi ses domaines d’Asie touchaient, au nord, l’Archipel, la mer de Marmara, la mer Noire, le Palus-Méotide et la Sarmatie asiatique ; au levant, la mer Caspienne, le Tigre et le golfe Persique, qu’on nommait mer d’Elcalif ; au couchant, le golfe Arabique, qui est la mer Rouge ; au midi, l’océan des Indes.

En Europe, il avait l’Adriatique à partir de Knin au-dessus de Raguse, l’Archipel, la Propontide, la mer Noire jusqu’à Caffa en Crimée, qui est l’ancienne Théodosie ; la Haute Hongrie jusqu’à Bude ; la Thrace, aujourd’hui la Roumélie ; toute la Grèce, c’est-à-dire la Thessalie, la Macédoine, l’épire, l’Achaïe et la Morée ; presque toute l’Illyrie ; la Dalmatie, la Bosnie, la Servie, la Dacie et la Bulgarie ; la Moldavie, la Valachie et la Transylvanie, dont les trois vaïvodes étaient à lui ; tout le cours du Danube depuis Watzen jusqu’à son embouchure.

Il possédait en rivages de mer onze mille deux cent quatre vingts milles d’Italie, et en surface de terre un million deux cent trois mille deux cent dix-neuf milles carrés.

Qu’on se figure ce géant de neuf cents lieues d’envergure et de onze cents lieues de longueur couché sur le ventre en travers du vieux monde, le talon gauche en Afrique, le genou droit sur l’Asie, un coude sur la Grèce, un coude sur la Thrace, l’ombre de sa tête sur l’Adriatique, l’Autriche, la Hongrie et la Podolie, avançant sa face monstrueuse tantôt sur Venise, tantôt sur la Pologne, tantôt sur l’Allemagne, et regardant l’Europe.

L’autre colosse avait pour chef-lieu, sous le plus beau ciel du monde, une presqu’île baignée au levant par la Méditerranée, au couchant par l’océan, séparée de l’Afrique par un étroit bras de mer, et de l’Europe par une haute chaîne de montagnes. Cette presqu’île contenait dix-huit royaumes, auxquels il imprimait son unité.

Il tenait Serpa et Tanger, qui sont les verrous du détroit de Gibraltar, et, selon qu’il lui plaisait de l’ouvrir ou de le fermer, il faisait de la Méditerranée une mer ou un lac. De sa presqu’île il répandait ses flottes dans cette mer par