sans compter les petits états, deux sortes de monarchies, les anciennes et les nouvelles. Sauf les restrictions de détail, les anciennes déclinent, les nouvelles grandissent. Les anciennes sont : l’Espagne, le Portugal, la Suède, le Danemark, Rome, Naples et la Turquie. À la tête de ces vieilles monarchies est l’Autriche, grande puissance allemande. Les nouvelles sont : la Belgique, la Hollande, la Saxe, la Bavière, le Wurtemberg, la Sardaigne et la Grèce. À la tête de ces jeunes royaumes est la Prusse, autre grande puissance allemande. Une seule monarchie dans ce groupe d’états de tout âge jouit d’un magnifique privilège, elle est tout à la fois vieille et jeune, elle a autant de passé que l’Autriche et autant d’avenir que la Prusse ; c’est la France.
Ceci n’indique-t-il pas clairement le rôle nécessaire de la France ? La France est le point d’intersection de ce qui a été et de ce qui sera, le lien commun des vieilles royautés et des jeunes nations, le peuple qui se souvient et le peuple qui espère. Le fleuve des siècles peut couler, le passage de l’humanité est assuré ; la France est le pont granitique qui portera les générations d’une rive à l’autre.
Qui donc pourrait songer à briser ce pont providentiel ? qui donc pourrait songer à détruire ou à démembrer la France ? Y échouer serait s’avouer fou. Y réussir serait se faire parricide.
Ce qui inquiète étrangement les couronnes, c’est que la France, par cette puissance de dilatation qui est propre à tous les principes généreux, tend à répandre au dehors sa liberté.
Ici il est besoin de s’entendre.
La liberté est nécessaire à l’homme. On pourrait dire que la liberté est l’air respirable de l’âme humaine. Sous quelque forme que ce soit, il la lui faut. Certes, tous les peuples européens ne sont point complètement libres ; mais tous le sont par un côté. Ici c’est la cité qui est libre, là c’est l’individu ; ici c’est la place publique, là c’est la vie privée ; ici c’est la conscience, là c’est l’opinion. On pourrait dire qu’il y a des nations qui ne respirent que par une de leurs facultés, comme il y a des malades qui ne respirent que d’un poumon. Le jour où cette respiration