de son esprit à l’amélioration des réalités. Les allemands ont la liberté de la rêverie, nous avons la liberté de la pensée.
Mais pour que la libre pensée soit contagieuse, il faut que les peuples aient subi de longues préparations, plus divines encore qu’humaines. Ils n’en sont pas là. Le jour où ils en seront là, la pensée française, mûrie par tout ce qu’elle aura vu et tout ce qu’elle aura fait, loin de perdre les rois, les sauvera.
C’est du moins notre conviction profonde.
à quoi bon donc gêner et amoindrir cette France, qui sera peut-être dans l’avenir la providence des nations ?
A quoi bon lui refuser ce qui lui appartient ?
On se souvient que nous n’avons voulu chercher de ce problème que la solution pacifique ; mais, à la rigueur, n’y en aurait-il pas une autre ? Il y a déjà dans le plateau de la balance où se pèsera un jour la question du Rhin un grand poids, le bon droit de la France. Faudra-t-il donc y jeter aussi cet autre poids terrible, la colère de la France ?
Nous sommes de ceux qui pensent fermement et qui espèrent qu’on n’en viendra point là.
Qu’on songe à ce que c’est que la France.
Vienne, Berlin, Saint-Pétersbourg, Londres ne sont que des villes ; Paris est un cerveau.
Depuis vingt-cinq ans, la France mutilée n’a cessé de grandir de cette grandeur qu’on ne voit pas avec les yeux de la chair, mais qui est la plus réelle de toutes, la grandeur intellectuelle. Au moment où nous sommes, l’esprit français se substitue peu à peu à la vieille âme de chaque nation.
Les plus hautes intelligences qui, à l’heure qu’il est, représentent pour l’univers entier la politique, la littérature, la science et l’art, c’est la France qui les a et qui les donne à la civilisation.
La France aujourd’hui est puissante autrement, mais autant qu’autrefois.
Qu’on la satisfasse donc. Surtout qu’on réfléchisse à ceci :
L’Europe ne peut être tranquille tant que la France n’est pas contente.
Et après tout enfin, quel intérêt pourrait avoir l’Europe