Donc, ce qu’il faut aux deux états envahisseurs, c’est la désunion de l’Allemagne et de la France.
Cette désunion a été préparée et combinée habilement en 1815 par la politique russe-anglaise.
Cette politique a créé un motif permanent d’animosité entre les deux nations centrales.
Ce motif d’animosité, c’est le don de la rive gauche du Rhin à l’Allemagne. Or cette rive gauche appartient naturellement à la France.
Pour que la proie fût bien gardée, on l’a donnée au plus jeune et au plus fort des peuples allemands, à la Prusse.
Le congrès de Vienne a posé des frontières sur les nations comme des harnais de hasard et de fantaisie, sans même les ajuster. Celui qu’on a mis alors à la France accablée, épuisée et vaincue est une chemise de gêne et de force ; il est trop étroit pour elle. Il la gêne et la fait saigner.
Grâce à la politique de Londres et de Saint-Pétersbourg, depuis vingt-cinq ans nous sentons l’ardillon de l’Allemagne dans la plaie de la France.
De là, en effet, entre les deux peuples, faits pour s’entendre et pour s’aimer, une antipathie qui pourrait devenir une haine.
Pendant que les deux nations centrales se craignent, s’observent et se menacent, la Russie se développe silencieusement, l’Angleterre s’étend dans l’ombre.
Le péril croît de jour en jour. Une sape profonde est creusée. Un grand incendie couve peut-être dans les ténèbres. L’an dernier, grâce à l’Angleterre, le feu a failli prendre à l’Europe.
Or qui pourrait dire ce que deviendrait l’Europe dans cet embrasement, pleine comme elle est d’esprits, de têtes et de nations combustibles ?
La civilisation périrait.
Elle ne peut périr. Il faut donc que les deux nations centrales s’entendent.
Heureusement, ni la France ni l’Allemagne ne sont égoïstes. Ce sont deux peuples sincères, désintéressés et nobles, jadis nations de chevaliers, aujourd’hui nations de penseurs ; jadis grands par l’épée, aujourd’hui grands par