l’esprit. Leur présent ne démentira pas leur passé ; l’esprit n’est pas moins généreux que l’épée.
Voici la solution : abolir tout motif de haine entre les deux peuples ; fermer la plaie faite à notre flanc en 1815 ; effacer les traces d’une réaction violente ; rendre à la France ce que Dieu lui a donné, la rive gauche du Rhin.
A cela deux obstacles.
Un obstacle matériel, la Prusse. Mais la Prusse comprendra tôt ou tard que, pour qu’un état soit fort, il faut que toutes ses parties soient soudées entre elles ; que l’homogénéité vivifie, et que le morcellement tue ; qu’elle doit tendre à devenir le grand royaume septentrional de l’Allemagne ; qu’il lui faut des ports libres, et que, si beau que soit le Rhin, l’océan vaut mieux.
D’ailleurs, dans tous les cas, elle garderait la rive droite du Rhin.
Un obstacle moral, les défiances que la France inspire aux rois européens, et par conséquent la nécessité apparente de l’amoindrir. Mais c’est là précisément qu’est le péril. On n’amoindrit pas la France, on ne fait que l’irriter. La France irritée est dangereuse. Calme, elle procède par le progrès ; courroucée, elle peut procéder par les révolutions.
Les deux obstacles s’évanouiront.
Comment ? Dieu le sait. Mais il est certain qu’ils s’évanouiront.
Dans un temps donné, la France aura sa part du Rhin et ses frontières naturelles.
Cette solution constituera l’Europe, sauvera la sociabilité humaine et fondera la paix définitive.
Tous les peuples y gagneront. L’Espagne, par exemple, qui est restée illustre, pourra redevenir puissante. L’Angleterre voudrait faire de l’Espagne le marché de ses produits, le point d’appui de sa navigation ; la France voudrait faire de l’Espagne la sœur de son influence, de sa politique et de sa civilisation. Ce sera à l’Espagne de choisir : continuer de descendre, ou commencer à remonter ; être une annexe à Gibraltar, ou être le contre-fort de la France.
L’Espagne choisira la grandeur.
Tel est, selon nous, pour le continent entier, l’inévitable