châteaux, cette fourmilière de nains et ces quatre géants pétrifiés, vont reprendre vie et commencer.
Cet admirable lieu s’appelle Neckarsteinach.
De l’un de ces quatre donjons on a fait une métairie, d’un deuxième une maison de plaisance. Les deux autres, qui sont complètement ruinés, dévastés ou déserts, m’ont surtout intéressé et fait revenir plusieurs fois.
L’un s’appelait au douzième siècle et s’appelle encore aujourd’hui Schwalbennest, ce qui veut dire le nid d’hirondelle. Il est en effet posé en saillie et maçonné, comme par une hirondelle gigantesque, sur une console de rocher, dans la voussure d’un énorme mont de grès rouge.
C’était, du temps de Rodolphe De Habsbourg, le manoir d’un effroyable gentilhomme-bandit qu’on nommait Bligger-le-Fléau. Toute la vallée, de Heilbronn à Heidelberg, était la proie de cet épervier à face humaine.
Comme tous ses pareils, la diète le manda. Bligger n’y alla point.
L’empereur le mit au ban de l’empire. Bligger n’en fit que rire.
La ligue des cent villes envoya ses meilleures troupes et son meilleur capitaine assiéger le nid-d’hirondelle. En trois sorties, le Fléau extermina les assiégeants.
Ce Bligger était un combattant de stature colossale et qui frappait avec un bras de forgeron.
Enfin le pape l’excommunia, lui et tous ses adhérents.
Quand Bligger entendit lire, au pied de sa muraille, par un des bannerets du Saint-Empire, la sentence d’excommunication, il haussa les épaules.
Le lendemain, à son réveil, il trouva son burg désert et la porte et la poterne murées. Tous ses hommes d’armes avaient quitté pendant la nuit la citadelle maudite et en avaient muré les issues.
Alors l’un d’eux, qui s’était caché dans la montagne, sur un rocher d’où le regard plongeait dans l’intérieur du château, vit Bligger-le-Fléau baisser la tête et marcher à pas lents dans sa cour. Il ne rentra pas un instant dans le donjon, et marcha ainsi jusqu’au soir, seul et faisant sonner les dalles sous son talon d’acier.
Au moment où le soleil se couchait derrière les collines