Page:Hugues - Vers, 1888.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11


J’ajoutai d’un air tentant :
« Vous êtes belle, ô Fanchette !
Et dans votre œil éclatant
Tout le ciel bleu se reflète. »
Vous en auriez fait autant !

Son petit sein palpitant
S’enflait sous la collerette.
L’eau riait en clapotant,
Et moi j’écoutais, tout bête :
Vous en auriez fait autant !

Elle rougit un instant,
Tout en me faisant risette.
Dans son tablier flottant
Je mis une pâquerette :
Vous en auriez fait autant !

« Je me jette dans l’étang,
Si vous n’êtes pas honnête ! »
Je protestai, me flattant
D’apprivoiser la pauvrette :
Vous en auriez fait autant !

« Vous me boudez, et pourtant,
Voyez, la terre est en fête !
— Vous m’en direz tant et tant
Que nous en perdrons la tête ! »
Vous en auriez fait autant !

Je partis, j’étais content.
« Nous nous reverrons, fillette ! »
Et tout un amour chantant
Naquit de notre amourette :
Vous en avez fait autant !


LE BAISER

Oh ! le premier baiser sur la lèvre adorée !
Comme il vous met au front la subite pâleur !
On ne sait si l’on boit, tant l’extase est sacrée,
Le souffle d’une femme ou celui d’une fleur.