Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
et monumens de l’amérique.

descendent de la montagne ont creusé des ravins de six à sept mètres de profondeur. On marche dans ces crevasses qui sont remplies de boue, et dont l’obscurité est augmentée par la végétation épaisse qui en couvre l’ouverture. Le corps des bœufs, qui sont les bêtes de somme dont on se sert communément dans ces contrées, a de la peine à passer dans ces galeries qui ont jusqu’à deux mille mètres de longueur. Si on a le malheur d’y rencontrer ces bêtes de somme, il ne reste d’autre moyen de les éviter, que celui de rebrousser chemin ou de monter sur le mur de terre qui borde la crevasse, et de se tenir suspendu en s’accrochant aux racines qui y pénètrent depuis la surface du sol.

En traversant la montagne de Quindiu, au mois d’octobre 1801, à pied, et suivis de douze bœufs qui portoient nos instrumens et nos collections, nous avons beaucoup souffert des averses continuelles auxquelles nous avons été exposés les trois ou quatre derniers jours, en descendant la pente occidentale de la Cordillère. Le chemin passe par un pays marécageux, couvert de bambousiers. Les piquans, dont sont armées les