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sur la regle du Goût.

n’en est pas de même lorsqu’il peint des mœurs personnelles : il y a dans de courage d’Achille une férocité, dans la prudence d’Ulysse une duplicité, qu’assurément Fénelon n’auroit jamais attribuée à ses héros. Le sage Ulysse du poëte grec est un menteur de profession & d’inclination, qui souvent ne ment que pour mentir ; au-lieu que dans le poëme françois son fils pousse le scrupule jusqu’à subir les plus grands périls, plutôt que de se départir de la plus exacte vérité.

Les partisans & les admirateurs de l’alcoran font sonner bien haut l’excellence de la morale répandue dans cette barbare production ; mais il faut croire que les mots arabes qui sont rendus en françois par équité, justice, tempérance, douceur, charité, sont de nature à être toujours employés dans un bon sens : ç’eût été trahir son ignorance que les traduire autrement, ç’eût été une faute grossiere, non contre les mœurs, mais contre la langue, que de leur associer des epithetes qui n’eussent pas exprimé une approbation. Voulez-vous savoir si les principes du prétendu prophete ont été justes &