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sur les Passions.

III.

1. Si nous nous rappellons toutes les circonstances qui produisent l’orgueil & l’humilité, nous verrons que ces mêmes circonstances, envisagées dans les autres hommes, nous inspirent pour eux de l’amour ou de la haine, de l’estime ou du mépris. Nous prenons une idée avantageuse des personnes à qui nous remarquons des vertus, de la beauté, de la naissance, des richesses ou de l’autorité, au-lieu que le vice, la folie, la laideur, la pauvreté, la bassesse d’extraction nous donnent des sentimens défavorables. La double relation, celle des impressions celle des idées, agit ici sur l’amour & la haine, comme nous l’avons vu agir sur l’orgueil & l’humilité : tout objet qui considéré à part nous cause du plaisir ou de la peine, dès qu’il vient à se rapporter à une personne différente de nous-mêmes, nous donne pour elle de l’affection ou du dégoût.

De-là vient que les injures & les mépris reçus sont des sources secondes de haine,