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l’église, dont la grand porte s’ouvre en ce moment. Le curé de L’Ange-Gardien paraît, profondément recueilli, sur le seuil, s’avance vers l’une des voitures et, sans prononcer un seul mot, y monte rapidement. Déjà, les chevaux ont pris la côte à une vive allure. Le conducteur de la première voiture est seul. D’une main, il tient les guides pendant que, de l’autre, il agite une clochette. Sur toutes les galeries, malgré l’heure matinale, apparaissent des gens qui se prosternent avec une grande piété. Puis, quand la seconde voiture est passée, on entend des voix qui s’interpellent discrètement d’une maison à l’autre :

— Pour qui est-ce donc que Monsieur le curé va porter le Bon Dieu, si matin ?

— Il paraît que c’est pour le père Jérôme, sur la côte.

Jérôme Michel s’était senti frappé à quatre heures. Marie Latour, malgré la soudaineté du choc et la crainte horrible qu’il ne fût fatal, avait su garder, tout en prodiguant les premiers soins à son mari, assez de sang-froid pour envoyer son fils, Joseph, prévenir les voisins et demander du secours. En peu de temps, le curé et le médecin étaient appelés. Au moment où répondant à l’appel