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ENQUÊTE

qu’on bouleverse ainsi, de fond en comble, un état littéraire, sans plus de préambule et sans plus d’utilité. Ils croient qu’on peut rompre aussi brusquement avec la science et le progrès ! Ils parlent du romantisme ! Mais quelle différence ! Le romantisme s’expliquait, socialement, par les secousses de la Révolution et les guerres de l’Empire ; après ces massacres les âmes tendres se consolaient dans le rêve. Littérairement, il est le début de l’évolution naturaliste. La langue, épuisée par trois cents ans d’usage classique, avait besoin d’être retrempée dans le lyrisme, il fallait refondre les moules à images, inventer de nouveaux panaches. Mais, ici, quel besoin de changer la langue enrichie et épurée par les générations romantiques, parnassiennes, naturalistes ? Et quel mouvement social traduit le symbolisme, avec son obscurité de bazar à dix-neuf sous ? Ils ont, au contraire, tout contre eux : le progrès, puisqu’ils prétendent reculer ; la bourgeoisie, la démocratie, puisqu’ils sont obscurs.

Si encore, malgré cela, ils avaient le courage, eux qui n’aiment pas leur siècle, de lui dire : Merde ! au siècle, mais de le lui dire carrément ! Alors, bien. Cela s’admettrait ! C’est une opinion comme une autre. Mais non, rien ne sort, rien, de leur galimatias. Tenez, il y en a un, d’écrivain, qui ne l’aime pas, le siècle, et qui le vomit d’une façon superbe, c’est Huysmans, dans Là-Bas, son feuilleton de l’Écho de Paris. Et il est clair, au moins, celui-là, et c’est