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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

avec cela un peintre d’une couleur et d’une intensité extraordinaires.

— Donc ?… dis-je.

— Donc, c’est entendu, le naturalisme finira quand ceux qui l’incarnent auront disparu. On ne revient pas sur un mouvement, et ce qui lui succédera sera différent, je vous l’ai dit. La matière du roman est un peu épuisée, et pour le ranimer il faudrait un bonhomme ! Mais, encore une fois, où est-il ? Voilà toute la question…

M. Zola se tut un moment, parut réfléchir, et dit très vite, comme en courant :

— D’ailleurs, si j’ai le temps, je le ferai, moi, ce qu’ils veulent !

— Et les psychologues ? fis-je.

— Hé oui ! Bourget, qui, avec beaucoup de talent, a le parti-pris de ne s’inquiéter que des mobiles intérieurs de l’être, et qui tombe, de cette façon, dans l’excès contraire au naturalisme.

— Barrès ?

— Oh ! un malin ! Pendant que ses autres camarades se donnent un mal de chien pour n’arriver à rien, lui va son chemin avec infiniment d’adresse !

Ses livres, je les lis avec intérêt, mais c’est tellement ténu, tellement spécial ! Cela me fait l’effet d’une horlogerie très amusante, mais qui ne marquerait pas l’heure, mais qui ne monterait pas l’eau ; cela cesse vite d’intéresser, et on s’en fatigue…