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ENQUÊTE

crève ; le spiritualisme pur est impossible ; le juste milieu, en cela, comme en tout, est écœurant… Je vous le dis, je n’en sais rien ; il faut attendre le Messie… s’il doit venir. Pourtant, il faut bien qu’on sorte de cette impasse ! Dans les Revues de Jeunes, quelquefois, on voit des bouts d’oreille. Le Mercure de France a quelques tempéraments, je vois là un M. Saint-Pol-Roux et un M. Rémy de Gourmont qui ont, évidemment, quelque chose dans le ventre. Quant aux symbolistes, ne m’en parlez plus ; ils ne soufflent pas mot de celui d’entre eux qui avait le plus de talent et qui est mort, c’est Jules Laforgue, et ils se mettent à renier Verlaine : c’est de la folie furieuse !

— Ah ! il me revient une idée : Zola ne vous a-t-il pas dit que, s’il avait le temps, il se mettrait lui-même à chercher l’autre chose ?

— En effet.

— Eh bien ! savez-vous qu’il en est capable ! Cela m’a frappé quand j’ai lu sa conversation avec vous. Il est encore jeune, et s’il veut, d’un coup de ses reins d’athlète, il peut percer le tunnel où il a acculé le naturalisme… Alors, ce sera intéressant : on pourra voir.

Avant de partir, je jetai un dernier coup d’œil sur le décor bizarre qui m’entourait.

— Ah ! j’ai là un superbe Forain que vous ne connaissez sûrement pas.

Je suivis M. Huysmans dans une troisième pièce ouvrant sur le cabinet où nous causions et qui est sa