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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

chambre à coucher. Ce tableau représentait une scène de lupanar : sur un fond rouge, quelques femmes nues, en bas et jarretières, liées par les bras, se cambraient en corbeille devant le vieux Monsieur de Forain. Le vieux était assis sur un canapé rouge ; attentif, mais très calme, les mains jointes sur sa canne, il contemplait l’ignoble blonde et la brune canaille, tendant les hanches dans une complaisance indifférente. Le morceau était, en effet, très beau.

— Je le mets là pour ne pas scandaliser des visiteurs inattendus, me dit M. Huysmans.

En repassant dans le cabinet, mes yeux se portent sur un petit reliquaire de cuivre auquel j’avais tourné le dos pendant ma visite. Je me penche, et je vois sous le verre quelque chose qui ressemble à des os blanchis.

— N’y touchez pas, surtout ! s’exclame mon interlocuteur, il y a là-dedans des reliques authentiques d’un saint célèbre…


M. GUY DE MAUPASSANT


M. de Maupassant a la réputation d’être l’homme de Paris le plus difficile à approcher. Et je n’en avais que plus d’envie de le voir, cet homme qui avait incarné pour moi, quand j’avais vingt ans, l’expression la plus com-