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ENQUÊTE

sont-ils, eux ? Et les symbolistes, qu’en faites-vous ?

» Patience ! j’y arrivais. Les psychologues, d’abord. Permettez-moi de mettre à part, absolument à part, un vieux camarade, — Paul Bourget, — que j’aime de tout mon cœur et à qui je trouve un énorme talent, non seulement fin et souple, mais puissant quand il veut l’être, par exemple dans Mensonges et même dans ses « Nouveaux Pastels », dans Monsieur Legrimaudet… cet admirable raté de lettres qui achève sa vie dans une louche maison meublée… Mais, Bourget excepté, je trouve que les psychologues ne sont que des naturalistes malingres, affaiblis. Des petits frères à nous, malvenus, avant terme, qu’il a fallu élever dans du coton, et qui se ressentiront toute leur vie d’une jeunesse souffreteuse, poussée en serre chaude. Qu’ils prennent donc du fer, sacrebleu ! ces gaillards-là. Oh ! ils en ont besoin ! Peut-être, alors, cesseront-ils de s’astreindre à ne faire que du demi naturalisme. Je vous demande un peu, lorsqu’on n’arrive à la connaissance complète de l’homme que par la physiologie et la psychologie, pourquoi tenir une des deux fenêtres obstinément fermée ? L’erreur inverse, d’ailleurs, serait tout aussi imbécile… Bourget, lui, au moins, bien qu’on le place parmi les psychologues, est un passionné de lettres et de vie, un sain et un vigoureux, qui ne crache nullement sur la physiologie… Le vrai chef de ce naturalisme borgne et chlorotique devrait être mille fois M. Édouard Rod, cet étonnant