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ENQUÊTE

rité des acolytes des Soirées M. de Maupassant mis à part. Vous connaissez la réclame du maître : nulle justice pour les adversaires, l’effacement des émules, sa complaisance aux seuls séides, M. Busnach, novateur, la quantité, qualité principale, la vente, étalon de la valeur ! Vous connaissez aussi la falote étroitesse des élèves, leur pessimisme puéril, le milieu réduit au local, la description intarissablement oiseuse, la physiologie volontiers… rectale. En somme, quelques dons plastiques, à la Gautier, masquant mal une médiocrité intellectuelle, à la Ghampfleury : d’où leurs si vaines œuvres, mesquinement caricaturales, ennuyeusement vaudevillesques.

Il s’arrêta un instant, s’adossa à l’appui de la fenêtre ouverte sur Paris noyé de soleil, puis continua :

— Mais que Diable ! ni nos glorieux maîtres, ni nous-mêmes, ne sommes responsables des excès de rétention de ces quelques-uns, qui furent quatre, et, avec les inévitables jeunes snobs, mettons dix, mettons vingt. C’est pourtant d’après eux que la critique nous dénigre, nous affirme dépourvus d’idées, inaptes à la psychologie, désintéressés des hauts problèmes, insoucieux des nobles ambitions. Peut-être eût-il été convenable d’analyser de près nos tentatives, et avisé de s’enquérir de nos allures, souvent hautaines ? Ceux, par exemple, qui, avant d’aborder les grandes œuvres, ont voulu attendre la maturité, manifestaient-ils donc des scrupules si misérables ?