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ENQUÊTE

je passe au Figaro à onze heures. Pas d’épreuves ! La copie, dont naturellement je n’avais pas le double, n’est pas arrivée, et le secrétaire de la rédaction, peu content, m’apprend que depuis cinq heures on me cherche dans les cercles et cafés où je suis censé aller, à la maison, partout, et que le téléphone carillonne en vain dans toutes les directions. Je saute en voiture, je cours chez moi, je hèle le concierge qui va quérir le commissionnaire auquel le matin il a confié le pli. L’homme juché sur le siège, nous filons boulevard X… sans que ma femme, aussi sagement illettrée qu’il convient à la femme d’un homme de lettres et nullement au courant, comprenne un mot à mon affolement et à mes tartarinades encolérées. Le sapin s’arrête 27, boulevard Y !… « Mais, triple brute, ce n’est pas ici ! » Le commissionnaire s’était trompé, le boulevard X… continuant le boulevard Y !!… La lettre est ici pourtant. Je sonne à l’hôtel. Personne ! Volets clos. Les propriétaires villégiaturent et la boîte au courrier bâille devant moi de toute sa mâchoire de cuivre. Du bout d’un crayon, je sens, je reconnais mon enveloppe !… Il pleuvait à verse — par bonheur. Me voilà tentant une effraction, arrachant un fil de fer à la haie du chemin de fer de ceinture pour faire un harpon. Cependant des passants s’arrêtent. Tout à l’heure, ce sera le poste de police, un esclandre, des explications, du temps perdu et notre tapageur premier-Paris à vau-l’eau. Mais Zola n’a pas en