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ENQUÊTE

À Chatou, dans sa maison du bord de l’eau, par une après-midi de soleil de ces jours derniers. Voici tout ce que j’ai retenu de notre conversation :

— Ne me parlez pas d’écoles, c’est horripilant ! il n’y a rien de misérable, de petit et de déprimant, comme ces querelles sur une étiquette. Parlons plutôt d’autre chose…

— Mais pourtant, le Romantisme ? Et le Parnasse ?

M. Mendès s’écrie :

— Ça n’a jamais été des écoles ! ou du moins, ce qui équivaut, les plus grands romantiques se sont toujours défendus d’en faire partie ; Victor Hugo a répété souvent qu’il consentait à s’appeler romantique si « romantisme » signifiait : Liberté de l’art. Et, justement, celui qui prétendit faire du mouvement romantique une école, et qui, en effet, à l’époque jouissait après Hugo de la plus grosse célébrité, c’est… Pétrus Borel ! vous voyez comme cela lui a profité !

Le Parnasse ! Mais nous n’avons seulement pas écrit une préface ! Feuilletez la Revue fantaisiste, et tâchez d’y trouver une ligne de critique de l’un de nous ! Le Parnasse est né d’un besoin de réaction contre le débraillé de la poésie issue de la queue de Murger, Charles Bataille, Amédée Roland, Jean du Boys ; puis ç’a été une ligue d’esprits qui sympathisaient en l’art. Mais nos admirations ne sont pas nées de nos amitiés, ce sont nos amitiés qui sont nées