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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

J’en ai fait une dans le Soleil de Minuit très complète et qui se complique d’une bizarrerie :


                   La rougeur solaire…
Plane ! et domine au loin les polaires pàleurs.


Vous remarquez que le p et l’l de « polaires pâleurs » se trouvent pour ainsi dire annoncés à l’origine du vers, dans plane. Seulement, tout cela, on s’en aperçoit après. Un poète qui le ferait exprès serait une fichue canaille !…

— Faites-vous aux symbolistes un reproche de leur obscurité ?

— Oh ! non, du tout. Plus on va, dans notre temps de démocratie, et plus l’art pur tend à devenir l’apanage d’une élite, d’une aristocratie bizarre, maladive et charmante. Il n’est pas mauvais, pour que le niveau s’en maintienne haut, qu’un peu d’ésotérisme l’entoure.

— On a dit aussi que le symbolisme était une réaction contre l’impassabilité parnassienne ?

— Tenez, c’est encore un calembour, cela. Parce que Glatigny a fait un poème intitulé : Impassible, que Verlaine a écrit :


Est-elle en marbre ou non, la Vénus de Milo ?


et que moi, dans une pièce appelée, d’ailleurs, Pudor,