Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
355
SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

Si vous m’aviez vu, chez moi, ce matin, j’étais précisément occupé à ranger et à donner au relieur les collections de ces revues de jeunes que je lis et dont la diversité et l’ardeur militante me plaisent, les Écrits pour l’art de M. René Ghil, les Entretiens de M. Bernard Lazare, la Plume de M. Léon Deschamps, le Mercure de France, les numéros d’Art et Critique de M. Jean Jullien, et d’autres collections encore. Il y a dans ces publications, plus encore que dans les livres des nouveaux, une telle verdeur d’idées, une telle vivacité de ton, que cela me rajeunit de voir ainsi les jeunes monter à l’assaut et sonner de l’olifant.

Nous avons fait de même. Dans le Gaulois illustré fondé par des jeunes qui sont, aujourd’hui, morts ou sénateurs, dans le Diogène dont doit se souvenir Ernest d’Hervilly, dans bien des petits journaux vaillants et juvéniles nous avons combattu le bon combat et crié nous aussi : Place aux jeunes ! Nous étions quelque peu romantiques, avec une teinte de fantaisie, et mes premières impressions datent de l’enterrement du pauvre Murger et de la représentation des Funérailles de l’honneur, de M. Vacquerie, à la Porte-Saint-Martin. Une vraie bataille où nos vingt ans sonnaient la fanfare !

Oh ! nous étions sévères et notre besoin d’évolution se traduisait, comme aujourd’hui, par des articles militants. Je me rappelle ce que j’écrivais alors sur