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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

gneuse. Ça lui passera quand elle sera devenue, à son tour, Arsinoé, car, pour le moment, une autre Célimène grandit : elle est au couvent encore et s’appelle Agnès. Pour moi, — en un temps où chacun s’épuise à fabriquer sa petite liqueur, capiteuse ou colorée, son élixir spécial, enfermé dans de petits flacons aux ciselures imperceptibles, à alambiquer, gouttelette à gouttelette, le flot même qui jaillit du cœur et que toute cette chimie arrête et tarit, — je me suis attaché à puiser, au clair ruisseau du génie de France, un peu d’eau pure, un peu d’eau fraîche, savoureuse et saine et, laissant les fabricants de spiritueux à leurs alambics, j’ai continué ma marche après m’être ainsi désaltéré dans le creux de ma main…


Nous étions arrivés devant la porte de l’administration de la Comédie-Française. En me serrant la main, mon interlocuteur conclut :

— Et je continuerai à boire ma gouttelette, sans me soucier des écoles et des vocables !

Je m’en allais ; mais je me sentis tiré par la manche : c’était M. Claretie qui revenait sur ses pas pour me dire, gaiement :

— Au fait — si, je pourrais inventer (puisque nous avons dit tout cela en marchant), une école nouvelle — la critique marchée, l’école péripatéticienne !