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ENQUÊTE

Mais je crois aussi qu’à n’importe quel jour, si un réaliste ou un élève imprévu des Parnassiens apportait une œuvre où il y ait du talent, il le faudrait préférer à de pâles imitateurs des plus récents symbolistes (remarquez que j’ai dit si et apportait).

Gustave Kahn.

Voici enfin les notes que j’ai prises à la taverne de la rue d’Amsterdam où nous déjeunâmes dimanche dernier, lui, le peintre Lemmen, Édouard Dubus, poète symboliste émule des Vivier et Sapeck, et moi.

M. Gustave Kahn : une petite tête sur un tout petit corps ; de petits yeux très vifs sous un front très intelligent, le nez recourbé du sémite encadré des pommettes saillantes.

On n’en était qu’au premier service :

— Voyons, s’écriait M. Kahn en s’adressant à moi, il n’y a jamais d’évolution lente, c’est le vol-à-la-tire continu, le mouchoir change de poche, tout simplement ! De tous ceux qui vous en ont parlé, aucun ne fait de symbolisme (un mot créé par Krutzer, d’ailleurs). Mallarmé lui-même ne fait que de l’allégorie ; cet ancien poète est trop vieux pour que j’en dise du mal ; admettons, comme le dit Francis Viellé-Griffln, que c’est un bon traducteur. Et puis, oh ! je trouve que comme théoricien, il est vraiment intéressant ; il a lancé ma théorie du vers libre…

— Et les jeunes ? interrogeai-je. Moréas…