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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

Daudet, ont une grande puissance esthétique ; et on ne peut pas dire que le niveau de la classe littéraire ait baissé, mais ce qu’on peut dire, par exemple, c’est que sa destination a décliné.

Les uns se laissent aller à peindre les penchants humains presqu’au point où l’intervention du médecin devient utile, avec cette prétention de faire de la science ; cela semble prouver l’avantage d’une sorte d’idéalisation de la nature humaine, que la science, elle, ne donne pas. Les autres prennent à la science les éléments d’une découverte embryonnaire et partent de là pour généraliser et conclure… Tenez, c’est le cas de M. Zola, avec sa théorie de l’hérédité ; il ne s’est pas rendu compte que cette théorie est une rétrogradation de la science. L’atavisme !… Evidemment, nos auteurs nous transmettent des dispositions, et cela on le sait depuis toujours, mais ce qu’ils nous transmettent surtout, c’est une nature fondamentale, comme à tous les hommes, des tendances spontanées, toujours les mêmes. Commencez par déterminer les lois des rapports qui existent entre notre nature et le milieu cosmologique ! Ce sont toutes ces théories qui ont créé les balançoires des crimes passionnels et de l’irresponsabilité. Est-ce que de tout temps les crimes n’ont pas été commis par les passions ? « Ah ! vous avez l’envie irrésistible de me tuer ? dirai-je au criminel… Eh bien ! moi, j’ai l’envie irrésistible de vous guillotiner… Et puisque vous le