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ENQUÊTE

voulez, nous ne serons ni l’un ni l’autre responsables de nos envies… » Mais c’est évident ! Entre un homme criminel et un homme qui ne l’est pas, ce n’est qu’une question de degré. L’instinct destructeur, par exemple, nous l’avons tous en germe. Quand nous disons du mal des autres, c’est cet instinct qui parle. Ce qui est intéressant à connaître avant de bâtir aucune théorie et de tirer aucune conséquence, c’est justement le degré où nous sommes influencés…

Mais voilà ! on ne sait pas, on s’emballe sur une lueur et on fait des romans sur l’atavisme. Et puis il y a des jurys, le Jury de la Seine surtout, le plus bête de l’Europe parce que c’est lui qui lit le plus, qui se trouve à point nommé pour appliquer, dans l’ordre social, les théories qu’il a lues dans lesdits romans. C’est de la démence.

Remarquez, continue M. Laffitte, que je trouve très louable en soi ce souci scientifique du littérateur. Dans l’avenir, évidemment, on pourra tirer parti de cette préoccupation ; mais ce que je blâme c’est l’application prématurée, c’est le choix non légitimé de théories sans base ou dans l’enfance, qu’on répand comme des certitudes. À part cela, M. Zola est un grand esprit. Il conservera cette originalité d’avoir intronisé dans la littérature l’élément prolétaire. Mais, ici encore, il est incomplet : il ne voit dans le prolétaire que le côté inférieur de sa nature, qui