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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

existe évidemment, qui domine même, c’est entendu. Mais George Sand, qui a fait le contraire, a aussi raison que lui. Son Pierre Huguenin, le compagnon du tour de France, qui pense à cultiver son esprit dans ses heures de loisir, est aussi vrai que l’ouvrier de Zola qui ne pense qu’à boire…

Je demande à M. Laffitte où vont ses préférences littéraires.

— Je suis partisan, avant tout, de notre grande littérature classique : le poème et le drame. Car, comme architectonique, le roman est une forme inférieure de l’art. Racine, Corneille, Molière, Voltaire, voilà mes dieux…

— Et le romantisme ? dis-je.

— Les romantiques étaient des gens qui écrivaient la plupart du temps quand ils n’avaient rien à dire… Je viens de relire Lamartine. Eh bien, il restera de lui un charmant petit volume, et ce sera tout. Tant de fatras, là-dedans, tant de vague ! Comme dans Hugo… Je lui reconnais pourtant un mérite, à lui, un grand. C’est d’avoir, après Chateaubriand et d’autres, d’ailleurs, animé toute la nature, d’avoir fait parler les choses. En cela il se rattache à la théorie d’Auguste Comte, celle de l’art fétichique qui l’a fait accuser de rétrogradation par son élève Littré… Mais le reste de son œuvre ! Mais ses hommes en baudruche ! Mais sa réhabilitation de Bonaparte ! sa démolition de Richelieu ! Oh ! cela, voyez-vous, ces