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apporter, des Esseintes eût dû envisager la question au point de vue de la faute et en exprimer au moins quelque regret ; il s’abstint de se vitupérer, et il eut tort ; mais bien qu’élevé par les Jésuites dont il fait ― plus que Durtal ― l’éloge, il était devenu, par la suite, si rebelle aux contraintes divines, si entêté à patauger dans son limon charnel !

En tout cas, ces chapitres paraissent des jalons inconsciemment plantés pour indiquer la route de Là-Bas. Il est à observer d’ailleurs que la bibliothèque de des Esseintes renfermait un certain nombre de bouquins de magie et que les idées énoncées dans le chapitre vii d’À Rebours, sur le sacrilège, sont l’hameçon d’un futur volume traitant le sujet plus à fond.

Ce livre de Là-Bas qui effara tant de gens, je ne l’écrirais plus, lui aussi, maintenant que je suis redevenu catholique, de la même manière. Il est, en effet, certain que le côté scélérat et sensuel qui s’y développe est réprouvable ; et cependant, je l’affirme, j’ai gazé, je n’ai rien dit ; les documents qu’il recèle sont, en comparaison de ceux que j’ai omis et que je possède dans mes archives, de bien fades dragées, de bien plates béatilles !

Je crois, cependant, qu’en dépit de ses démences cérébrales et de ses folies alvines, cet ouvrage a, par le sujet même qu’il exposait, rendu service. Il a rappelé l’attention sur les manigances du Malin qui était parvenu à se faire nier ; il a été le point de départ de toutes les études qui se sont renouvelées sur l’éternel procès du satanisme ; il a aidé, en les dévoilant, à annihiler les odieuses pratiques des goéties ; il a pris parti et combattu très résolument, en somme, pour l’Église contre le Démon.

Pour en revenir à À Rebours dont il n’est qu’un succédané,