Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/210

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ments de temps, cherchant, à eux deux, des alliances diplomatiques pour la France.

Leurs relations s’étaient bornées là. Ils se donnaient une poignée de main, se tournaient le dos une fois sur le trottoir, et cependant le départ de ce coreligionnaire avait attristé M. Folantin.

Ce fut avec plaisir qu’il l’aperçut.

— Tiens, M. Martinet, dit-il, comment va ?

— M. Folantin ! Bah ! — et comment vous portez-vous, depuis les temps fous que nous ne nous sommes vus ?

— Ah ! Vous êtes un joli lâcheur, riposta M. Folantin. Voyons, que diable êtes-vous devenu ?

Et ils avaient échangé leurs confidences, M. Martinet était maintenant l’hôte assidu d’une table d’hôte et il en fit immédiatement un chimérique éloge.

— Quatre-vingt-dix à cent francs, par mois ; c’est propre, bien tenu ; on en a à sa faim, on se trouve en bonne compagnie. Vous devriez venir dîner là ?

— Je n’aime guère la table d’hôte, disait M. Folantin ; je suis un peu ours, vous le savez ; je ne puis me décider à converser avec les gens que je ne connais point.

— Mais vous n’êtes pas forcé de parler. Vous êtes chez vous. L’on n’est pas tous autour d’une table, c’est la même chose que dans un grand restaurant. Tenez, essayez-en, venez ce soir.