Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/271

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désirs de paillardise l’assiégeaient encore ; après avoir eu, pendant sa jeunesse et son âge mur, un robuste appétit qui lui permettait de contenter sa faim, plus par le nombre des plats que par leur succulence, des tendances de gourmets lui étaient venues avec l’âge ; mais, ici encore, la province avait façonné ses goûts à son image, ses aspirations vers l’élégance étaient celles d’un homme éloigné de Paris, d’un paysan riche, d’un parvenu qui achète du toc, veut du clinquant, s’éblouit devant les velours voyants et les gros ors.

Tout en sirotant sa demi-tasse, il évoquait maintenant, comme à Beauchamp, alors qu’il digérait, assis à son bureau, devant un horizon de cartons verts, ces raffinements particuliers qui le hantaient et qui dérivaient tous de cette « Vie Parisienne » qu’il recevait et lisait ainsi qu’un bréviaire, en la méditant. Elle lui ouvrait une perspective de chic qui lui semblait d’autant plus désirable que sa jeunesse à Paris n’avait été ni assez inventive ni assez riche pour l’approcher. Il eût néanmoins hésité à vérifier ces opulences en s’y mêlant car, malgré ses convoitises, l’avarice native de sa race le détournait de tels achats ; il se bornait à se susciter un idéal qu’il consentait à croire inaccessible, à souhaiter simplement de le frôler, si faire se pouvait, pour le moins cher et dans les conditions les moins humiliantes possibles, car le bon sens du