Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/170

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et Dieu sait si je les excuse ! Mais, dans les salons, dans le monde, les cartes ne servent qu’à masquer la misère des propos, la faiblesse des intelligences, la nullité des personnes qui, réunies entre elles, ne peuvent rien se dire ; c’est prodigieux tout de même comme l’ineptie des classes bourgeoises trouve son compte dans le silence d’une partie de wisth !

Mais André lui fit signe de se taire. Un gros monsieur chauve venait à eux, naviguant entre les tables dont il accrochait, avec son paletot, les coins. Ils échangèrent sans transports, tous trois, de banales exclamations et d’usuelles poignées de main, s’étonnant du hasard qui les réunissait dans un café qu’aucun d’eux ne fréquentait d’habitude.

— Je ne vous demanderai pas des nouvelles de madame votre femme, dit le nouveau venu à André qui pâlit, car j’ai eu le plaisir de passer, hier, la soirée avec elle.

— Bah ! grogna Cyprien.

— Oui, j’étais revenu de voyage et, ma foi, je suis allé souhaiter le bonjour à ce bon Désableau à Viroflay. Dites donc, savez-vous qu’ils ont déniché une maisonnette qui est gentille et qui n’est vraiment pas chère ; le jardin n’est pas bien grand…

— Oui, mais le bois est à deux pas, interrompit Cyprien.

— Tiens, vous y êtes donc allé ? Désableau m’a pourtant affirmé qu’il ne vous avait pas vu depuis des mois.