Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/181

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— Mais non, accompagne-nous un bout de chemin, reprit André.

— Non, non ; et le peintre salua la femme et courut après un omnibus. Il le rejoignit et grimpa sur l’impériale. La voiture ballotait, lui tapant l’échine en mesure contre la barre du dossier, roulant sur les pavés avec un fracas terrible de ferrailles et un grésil de vitres secouées, atténué, presque éteint, dès que la carriole foulait l’asphalte.

Il dormassait, un bout de cigare dans le bec. Le conducteur qui criait, accoté contre la barre de l’impériale « places s’il vous plaît » le tira brusquement de sa somnolence. Il donna ses trois sous et, mal à l’aise, refroidi par le vent, il regarda, effaré, remontant le collet de son paletot, les rues qui fuyaient derrière lui. – Minuit sonnait ; les fenêtres des maisons dont les roues frôlaient le trottoir avec une penchée brusque, étaient presque toutes noires.

Dans les hauteurs pourtant, vers les toits dont les gouttières accrochaient de faibles lueurs, de grands carrés de lumière éclataient dans les façades sombres. Quelquefois les deux croisées d’une même chambre, inégalement éclairées, se sauvaient. suivies par d’autres aux persiennes closes, dessinant des raies alternées de lumière et d’ombre. Et, d’autres encore, larges ou étroites, élevées ou basses, défilaient au grand galop, celles-ci toutes brasillantes, empruntant la couleur de leurs feux aux rideaux fermés, celle-là presque noires, piquées seulement par une bougie, presque au ras de la balustrade, d’une jaune étoile qui