Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fortable, des meubles de faux Boule, un grand lit en long dans la chambre, un lit haut du chevet et bas du pied, sans dossier de métal ou de bois, capitonné de cretonne pareille à celle des murs, avec de vastes oreillers à dentelles et à chiffres. Il y avait, dans le salon, un guéridon et un piano en palissandre, et dans la salle à manger, sous verre, dans un sérieux buffet de noyer à baguettes noires, tout un service de verreries de baccarat et de faïences anglaises avec des fleurs bleues cuites dans la pâte blanche.

D’un autre côté, il était peu probable qu’elle fût entretenue par un seul homme et eût simplement, pour les besoins de son cœur, un amant qui lui offrait, de temps en temps un bijou ou une robe, car André ne l’aurait probablement pas enlevée sans coup férir, le premier soir. D’ailleurs, ce logement ne dénotait pas la présence d’un maître, d’un monsieur qui, soldant le loyer, se croit presque chez lui et possède, dans la table de nuit, sur le rayon en dessous du pot, une paire d’escarpins ou de pantoufles.

André s’arrêta enfin à cette supposition que Blanche appartenait à une arme spéciale, qu’elle faisait probablement partie de ce régiment de filles dont la tâche, lucrative et morale, consiste à dérider les gens mariés et à les renvoyer plus assouplis dans leurs familles. À certains indices, il croyait bien avoir reconnu le caractère distinctif de ce genre de femmes : un bon enfant, un gracieux libertin, destinés à ressortir sur l’aigre et fastidieuse popote du ménage et, avec cela,