Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/190

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une certaine tenue, un simili comme il faut, utiles pour ne pas rendre trop brusque la transition entre la femme légitime et la baladeuse, le rêve des hommes mariés, sans qu’ils aient, peut-être, conscience autant de vice et plus de bon ton que chez les maîtresses connues dans leur jeunesse, avant le mariage.

Ça doit être cela, murmura-t-il en appelant le garçon ; il paya, tout réjoui, son mazagran, et, allumant une cigarette, il s’achemina vers son domicile.

À mesure qu’il approchait, sa peur du qu’en dira-t-on grandissait. Il n’avait jamais découché depuis son entrée dans ce logis. Cette frasque allait sauter aux yeux de son concierge, activer les cancans de la loge, et puis Mélanie qui devait, à ce moment sans doute, regarder tout inquiète le lit, n’allait-elle pas croire à un accident ? Elle était capable, dans son trouble, de se concerter avec la portière et de noyer, toute deux, leurs vieilles piques d’intarissables bavardages sur son compte.

Il s’arrêta sur le trottoir, hésitant, presque honteux, ne s’estimant plus assez jeune pour ces équipées.

Il se résolut enfin à ne pas rentrer tout de suite. Cela vaudra mieux, pensa-t-il, j’aurai plus facilement l’apparence d’un monsieur qui s’est levé de bonne heure et rendu aux bains.

Puis il eut honte de sa couardise, chercha des prétextes qui justifiassent, à ses propres yeux, la nécessité d’une promenade. Il pensa à aller voir Cyprien, mais