Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/197

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la machine brisée de fatigue, l’assoupissait dans son fauteuil. Il avait des frissons dans le dos et des chaleurs aux tempes et dans les paumes. Au goût de cuivre qu’il avait en bouche, avait succédé un goût plus atroce encore, celui de l’allumette qui s’éteint, celui du sulfite de soude ; il but, pour le chasser, un grand verre d’eau qui le glaça, et, mal à l’aise, grelottant, il marcha de long en large pour se réveiller, regardant son lit, ne se couchant pas par honte de donner ainsi raison à sa bonne.

Les autres fois qu’il revint de chez Blanche, il prit mieux les choses. Il s’aguerrit aux mines effarées ou goguenardes de sa maison et il laissa Mélanie parler tant qu’elle voulut.

— Ah bien, disait-elle, puisque la dame de Monsieur est toujours malade, il faut bien que Monsieur en fréquente une autre ! – Et, très émoustillée par l’idée que son maître qu’elle supposait difficile, ne devait rechercher que des femmes huppées, elle s’efforçait de lui tirer des renseignements et réunissant, le soir, au lit, chez elle, les bribes qu’elle était parvenue à recueillir, elle les narrait longuement, à son mari, qui tordait, tout souriant, sa barbiche, pensant aux filles plus ou moins jolies qu’il avait eu l’aubaine d’arrêter, dans ses fonctions de sergent de ville.

André fut sobre de renseignements lorsque Cyprien le consulta sur les incidents de ses nuits.

Il se borna à répondre aux insinuations malveil-