Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/207

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« Mon cher André

« Tu as dû avoir de mes nouvelles par Monsieur Jules qui a reçu une lettre d’Émilie pour connaître ton adresse. J’y mets de la réflexion, diras-tu, après cinq années de silence, mais mieux vaut tard que jamais et je vais t’en donner la preuve.

« Te souviens-tu d’une Manon Lescaut avec gravures. Je l’ai retrouvée dans un piteux état ; malgré cela, un docteur bouquiniste voulait que je la lui donne. Voyant qu’il y tenait tant, je me suis fait un remords de conscience de la donner, sachant que tu y tiens tout autant que lui et surtout t’appartenant.

« M’approuveras-tu, je l’ignore, mais comme Monsieur Jules, dans la lettre qu’il a écrit à Émilie lui dit que tu me reverras avec plaisir, j’ose ; sans cela, tu n’aurais pas eu de mes nouvelles, mais est-ce bien pour moi ou pour ton bouquin ? – Enfin, tu peux tout te permettre après si longtemps ; malgré tout, j’aurai un grand plaisir à te revoir, mais comment ? Voilà. – Je travaille toujours rue du Quatre-Septembre, dans la maison Larmange que tu connais et je sors le plus souvent à 8 heures. Si tu pouvais venir un jour ou l’autre de cette semaine, jeudi par exemple, je sortirais à 8 heures juste ; ou bien, écris-moi si tu n’étais pas libre ; viens toujours un jour ou l’autre, nous nous rappellerons nos vieux souvenirs.