Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/208

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« En attendant, permets-moi de t’embrasser comme autrefois.

Bien à toi,
Jeanne.


« Si tu ne peux pas venir, écris-moi chez madame veuve Laveau, 18, rue Sauval. »

Il répondit immédiatement qu’il se rendrait à la rue du Quatre-Septembre, jeudi, à l’heure dite.

Il rayonna, complètement changé ; la lutte avait pris fin, l’incertitude avait cessé. Il réfléchissait seulement, relisant la lettre.

Jeanne doit avoir été balancée par son amant et être à court d’argent, pensa-t-il d’abord, car l’histoire du livre n’est qu’un prétexte par trop visible. Mais comment diable Jules que je n’ai plus vu depuis des années a-t-il pu savoir que j’habitais la rue Cambacérès ? Et ensuite, qu’est-ce que ce médecin, amateur de vieux livres et cette veuve Laveau qui reçoit les lettres ?

Il chercha enfin, sur son plan de Paris, où était située la rue Sauval dont il ignorait jusqu’au nom. Il découvrit que c’était une sorte de ruelle près de la Halle au blé. Ce fut pour lui un prétexte à promenade. Il alla flâner dans cette rue, vit le numéro en question, une vieille bâtisse, aux fenêtres voilées de rideaux pauvres et à la cour infectant le pipi et le chlore. L’aspect de cette maison ne lui suggéra aucune