Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/223

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André pensa que ce monsieur était bien jeune, mais il garda cette réflexion pour lui. Il songeait à la sottise de Cyprien, maintenant. S’était-il assez trompé ! Elle n’avait pas besoin d’argent ! – Il oublia que lui-même avait cru à un retour intéressé de Jeanne, et il s’imagina que ses premières suppositions étaient les mêmes que celles qui l’assaillaient maintenant : un retour simplement motivé par le désir d’avoir un amant qui vous contenterait les besoins de chair et vous sortirait.

Tandis qu’il marmottait, le nez baissé, Jeanne sautillait à son bras, montrant sous son voile à pois, des lueurs de dents, des battements de cils, des éclairs d’yeux. Elle s’enquerrait, à son tour, de ce qu’il était devenu depuis cinq ans. – J’avais peur de t’écrire, dame tu comprends, tu pouvais être marié, je n’aurais pas voulu que tu aies des ennuis à cause de moi. – C’est pour cela que j’ai chargé Emilie d’écrire à M. Jules.

Il s’occupa alors du sort d’Émilie. Qu’était-elle devenue ?

Rien. – Elle concubinait avec l’un des amis de l’amant de Jeanne.

— Et M. Jules ? interrogea la petite.

— Rien non plus. – Je ne le fréquente pas, du reste, ajouta André un peu embarrassé.

— Ah ça, mais voyons, où me mène-tu ? s’écria-telle tout à coup, après un silence, en s’arrêtant.

— Mais, je n’en sais rien…

Le fait est qu’ils avaient marché au hasard, s’engageant machinalement dans des rues noires. La